Ce matin, je me suis réveillé si tot pour voir le soleil se lever sur les chaines das Virunga.Pour rien au mondeje ne voudrais manquer ce spectacle quotidien de lumière et de beauté; la nature africaine est un miracle permanent. Je remercie chaque jour le Ciel de m’offrir le prodige d’un jour nouveau et me dis chaque fois: » Je vis encore et suis en bonne santéselon les murmures de mon age. »
Mon récit devrait ressembler à la vie journalière de mon continent natal parfois si déphasé par rapport au monde, et où coexistenten permanence des paradoxes aboutissant tantot au pire, tantot au meilleur.
Je voudrais souffler mes mots dans un grand ballon qui, par la suite, s’envolerait dans le ciel, flotterait sur les océans et se transformerait en bouteille à la mer: Jamais ramassée, cette bouteille se dissoudrait dans un ciel ou disparaitrait dans les profondeurs des abysses, sans que cela signifie que les mots qu’elle contenait n’existent pas.
Dans ce texte, je me dois de parler de ma vie selon ma vision de négrille: Je me dois d’étre cet africain que vous verrez quelque part, en Afrique ou ailleurs, et dont la présence prouvera que nous sommes des ètres de survie, des phénix renaissant de leurs cendres. Car, après tout, mieux vaut survivre pour voir de nouveau le soleil se lever.
Je n’ai plus que le paysage africain pour m’écouter, moi, le vieux Pygmée . C ést la raison de ma dernière randonnée à travers ce territoire forestier. Revoir les endroits que j’ai aimés, cet univers sylvestre des premiers temps de la Terre. J’ai la chance d’avoir été jeune alors que, peu à peu, nos Ètats accédaient à leur indépendance et que des libertés nouvelles pleuvaient sur nos tètes à en avoir le tournis.
Je me demande si cela ne fut pas un stratagème savamment calculé de la part des anciens maitres, qui ont donné à nos libertés la forme de pluies diluviennes. Mais ces libertés ont provoqués d’énormes inondations ayant compromis l’avenit du continent africain. On nous a lancé notre indépendance à la face, on nous l’a enfoncé dans la gorge juqu’à l’étouffement et, face à cela, nos l e a d e r s , surpris d ètreà la tète de ce continent, ont confondu indépendance nationale et résurrection des pouvoirs métropolitains coloniaux, donnant vie à des dictatures sanguinaires.
Des présidents, véritables chefs de gang et gourous assoiffés de richesses, ont hérité du pouvoir politique comme des fils indignes ayant eu le privilège d’ètre nés au bon endroit et au bon moment. Ces hommes ont raflé la mise au casino des privilèges, offerts par l’indépendance. Beaucoup parmi eux se sont vu en nouveuax colons. Des colons voraces et implacalbles, obsédés par leur volonté d’exploiter leur terre natale et d’écraser leurs compatriotes sous une pauvreté grandissante.