Une voix sort de l’infini; cette voix est calme, d’une angoissante sérénité. C’est le ton de l’innocence qui proteste doucement, une voix triste comme celle d’une victime qui meurt en essayant de comprendre les motifs de son assassin, qu’il ne peut approuver et qu’il ne peut combattre par manque de force et de moyens. La voix murmure doucement.
Au pied du Mont Dounouya, il y a une colline
Et la colline obstrue le chemin de la Vallée
Cette colline n’est pas un accident de relief
C’est le travail d’un homme
Celui qui assassine
Cette colline sur laquelle se promènent les rapaces
Est l’œuvre d’un homme
Celui au service d’une ambition
Cette colline sur laquelle pataugent des carnassiers obèses
Est la besogne réussie d’un homme
Celui au service des intérêts particuliers
Cette colline coiffée d’une auréole de nécrophores
Est l’œuvre d’un homme
Celui au service d’un système
Cette colline qui donne la nourriture aux vers foisonnant de trop se multiplier
Est le chef-d’œuvre d’un homme qui aliène un peuple
Cette colline est un amas de cadavres
Dépouilles mortelles de ceux qui ont lutté pour le droit à la vie
Cette colline d’où s’écoule une source gluante
Ce sont les restes d’un peuple
Qui a rêvé de liberté
Et n’a trouvé qu’une nouvelle forme de négation
Cette colline quotidiennement grossie par de nouveaux cadavres
Est un défi contre l’espérance des peuples
Qui ne veulent plus s’agenouiller
Cette colline est un cri de révolte
Dans la vallée des désespérés de Cette-époque.
De nouveau, la voix reprend, chuchote dans les oreilles ….
Au pied du Mont Dounouya, il y a une colline
Et la colline obstrue le chemin de la vallée…
Poème extrait du roman Le récit du Cirque …de la Vallée des Morts – Alioum Fantouré